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Une carte mentale pour corriger la biblio

Annie Bauer a réalisé le rêve de tout secrétaire d’édition qui prépare des bibiographies complexes pour différents éditeurs : une « carte mentale de référence bibliographique ». Le résultat est impressionnant.

Une carte mentale pour corriger la biblio proposée par Annie Bauer, janvier 2022

Un extrait de la carte (infographie réalisée par Simon Marrou)

La carte mentale est un outil de « facilitation visuelle ». Elle permet notamment de s’approprier et de naviguer plus facilement dans des constructions complexes ou à multiples facettes.
Après un contrat de vérification et de normalisation de 350 références bibliographiques dans le domaine des sciences sociales, j’ai choisi d’utiliser cette technique pour capitaliser et formaliser l’ensemble des points qu’il m’a permis de clarifier.
La première carte réalisée présente les différents éléments constitutifs des grandes composantes d’une référence bibliographique de façon globale : elle se veut valable pour tout type de document et de norme. Elle doit être considérée comme une ébauche tant il est difficile d’être exhaustif quant aux éléments à préciser (place, séparateur, typographie, présentation…) pour chacune des ramifications de l’arborescence. Elle essaie aussi de retranscrire la variabilité de certaines préconisations, qui diffèrent en fonction des normes (la « marche » maison) de chaque éditeur.

La carte en bonne définition est disponible sur demande auprès de contact (@) anniebauer.fr.
Tous les retours constructifs seront appréciés.
D’autres essais ont décliné les normes d’un éditeur pour un type de document. La présentation est alors plus fine et peut apporter à un auteur ou à un secrétaire de rédaction un outil visuel récapitulatif des arbitrages les plus subtils réalisés, au-delà des normes – souvent généralistes –, au fil des publications.

 

Les références sur lesquelles je me suis appuyée pour ce travail :

–La formation « Préparation de copie, correction, relecture » de Florence Morel et les nombreux échanges que j’ai pu avoir avec elle par la suite.

–Boulogne Arlette, Comment rédiger une bibliographie, Serge Cacaly (dir.), avec la collaboration de Sylvie Dalbin, Paris, ADBS – Nathan/VUEF (128. Série : Information-Documentation), 2002.

–Collectif, Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale [1971], 6e édition, réimpression 2014, Paris, Imprimerie nationale, 2002.

–Kyheng Rossitza, « La référence bibliographique : norme et praxis », Texto! Textes et cultures [en ligne], vol. IX, n° 2, juin 2004. Disponible sur : <http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Kyheng_References.html> (consultée le 4/12/2021).

–Sauvé Madeleine, Qu’est-ce qu’un livre ? De la page blanche à l’achevé d’imprimer, Montréal, Fides, 2006.

Infographie de présentation de la carte : Simon Marrou
Logiciel utilisé pour la carte mentale : Freemind

Profession : correcteur

Au printemps 2020, 490 correcteurs et correctrices ont répondu à l’enquête de l’Association des correcteurs de langue française «  Profession : correcteur  ».

Retrouvez rapport et synthèse sur le site Internet de l’association :
https://www.aclf.fr/ASSOCIATION/enquetes

 

Écrire la préface de son propre livre : simulacre ?

À quoi sert une préface ?  Qui l’écrit ? L’auteur ou un autre ? Selon L’Imprimerie nationale, une préface « a pour vocation de présenter l’œuvre et son auteur. N’étant pas – en principe – rédigée par celui-ci […] ». En principe car de nombreux auteurs tiennent à « se préfacer ». Ce texte avant le texte est-il indispensable au lecteur ? Pourquoi se justifier ? Pourquoi (re)préciser certains contextes ou arguments avant de se donner à lire ? Certains lecteurs se plaignent de cette bande-annonce qui dit tout.

**La préface ne sert à rien

« Préface, éditeur. À quoi sert la préface ? À quoi sert l’éditeur ? Ils servent d’accompagnement au titre, et de lampions à l’enseigne. Ils sont là pour aider à voir, quoique personne ne les regarde.
Lit-on une préface ? – Non. – Lit-on l’avis de l’éditeur ? – Encore moins. – Au fait : l’éditeur est-il utile à l’auteur ? Autant que la préface. »

(M. Boucher de Perthes, Petit glossaire…, Paris, Treuttel et Wurtz, 1835, p. 220)

**La préface des romans au XIXe siècle

« Tout au contraire, c’est leur diversité qui frappe : [les préfaces] ne présentent pas le roman qui les suit, et certaines sont essentiellement théoriques ; d’autres permettent à l’auteur de se justifier ou de répondre à des attaques, d’autres encore dressent un bilan, ou annoncent un programme. » (Préfaces des romans français du XIXe siècle, Paris, LGE, 2007)

**La préface d’une réédition

Dans Scènes de la vie d’un éditeur, Pierre Belfond explique pourquoi il publie une nouvelle édition augmentée de son livre (paru en 1994) dans un texte intitulé : « En guise de préface » (Paris, Fayard, 2007, p. 10).
« D’ailleurs, avais-je le droit d’imposer à quiconque un nouveau pavé aussi épais que le premier ? Allons, transigeons, me suis-je dit : pas de second volume mais une simple réédition “revue et complétée”. “Revue”, cela m’a paru nécessaire ; je n’étais pas satisfait de la façon dont s’enchaînaient les chapitres […]. “Complétée”, c’est évident, puisque j’ai intégré, au milieu des anciens, une vingtaine de nouveaux chapitres […] »

**La non-préface, la meilleure

Folie et Déraison. Histoire de la folie à l’âge classique paraît en 1961 chez Plon, préfacé alors par son auteur. Michel Foucault accepte de voir son texte réédité onze ans plus tard chez Gallimard en 1972 mais exige la suppression de la préface de 1961.
La préface ne fait-elle pas partie du texte ? Non, répond Foucault, « Je voudrais qu’un livre, au moins du côté de celui qui l’a écrit, ne soit rien d’autre que les phrases dont il est fait ; qu’il ne se dédouble pas dans ce premier simulacre de lui-même qu’est une préface, et qui prétend donner sa loi à tous ceux qui pourront à l’avenir être formés à partir de lui. […] qu’il ait la désinvolture de se présenter comme discours : à la fois bataille et arme, stratégie et choc, lutte et trophée ou blessure, conjonctures et vestiges, rencontre irrégulière et scène répétable. »
Dans quoi écrit-il cela ? Dans la préface à l’édition de 1972… (Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972, p. 8)
[Laurent Mattiussi propose une analyse détaillée de ces deux préfaces dans : Michel Foucault et le déni de préface.]

 

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